9 avril 2011

Mort aux cons

En lisant mon joyeux titre vous vous êtes probablement dit "Et voilà qu'elle recommence avec ses diatribes sur l'état du monde et la désillusion absolue qui remplit le coeur de tous ces jeunes gens en mal de Nutella et trop pressés de rentrer dans un monde triste et enthousiasmant qui de toute façon, vit ses dernières heures  et pleure la perte de ses rhinocéros " Alors non ,pas de panique vous pouvez vous détendre les maxillaires ,je suis d'une bonne humeur toute relative ,ce qui est équivalent à un jardin entier rempli de bananiers pour La Moufle .

Là tout de suite il fait beau .Juste l'impression que j'avais oublié comme ça pique les yeux , le soleil .Je viens de finir Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates ,et j'ai envie d'écrire (bon pour ce blog ,peut être un chouia moins pour vous ). C'est excessivement facile d'écrire sur ce qu'on déteste ,sur l'horripilant ,l'agaçant  ,le ridicule ,alors que mettre des mots sur ce qu'on aime est compliqué ,voire dangereux .Le risque ?Ne pas savoir raconter ce qui nous rend heureux ,perdre en route le plus beau de l'expérience ,fragiliser le sentiment qui nous a envahi .Oui, ce livre est une expérience .Pour tout vous dire je ne savais absolument rien de tout l'encre qu'il avait fait couler à sa sortie ,maintenant je comprends .Une "jolie histoire avec des personnages irrésistibles" ,ça sonne un peu trop magazine féminin peu inspiré ,alors je me suis renseignée et j'ai réalisé en lisant les milliards d'articles (la précision des chiffres donnés est un principe fondateur de ce blog) qu'aucun , malgré leur style et l'impression manifeste que leur avait fait le livre ,ne traduisait réellement mon sentiment .Je suis déçue ,je comptais davantage sur la plume des autres que sur la mienne pour vous en parler. Vous voilà donc condamnés (je mets un s plein de l'espoir que La moufle ne sera pas la seule à endurer la lecture d'un énième article sur ce livre ,qu'elle a déjà lu ) à ma terrifiante et emphatique prose de jeune personne en mal d'attention .

L'histoire ?Abominablement simple et terriblement compliquée à raconter : lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en Grande Bretagne .Dans un Londres sous les décombres ,une jeune écrivain reçoit une lettre ,de Guernesey ,d'un homme qui a trouvé son adresse dans un livre .Pure coïncidence qui réjouit Juliet Ashton (l'ecrivain ,suivez un peu) et la pousse à entamer une correspondance qui prend pour prétexte la littérature ,et qui l'amène à découvrir tout un petit monde ,d'individus qui ont survécu à l'Occupation grâce à un cercle de littérature improbable :Le Cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates .Hasard de rencontres forcés par la peur et l'incertitude d'une guerre qui refuse de finir et qu'ils côtoient tous les jours ,ce cercle n'a de littéraire que le nom ,et Sénèque y fricote sans complexe avec des livres de cuisine .Voilà pour le résumé .Mais c'est nul ,ça ne ressemble pas assez à tous les sourires l'étonnement perpétuel ,au courage ordinaire de ses personnages et à tout l'espoir que ce livre transporte ,une sorte d'appel au non desespoir plutôt ,parce que oui ,décidément ,les tourtes aux épluchures de patates sont encore le meilleure remède contre la morosité !


Ca se confirme ,il est trop difficile d'écrire sur ce qu'on a aimé ,du moins il est dur de convaincre avec ses propres mots d'une sensation diffuse ,indicible justement .Et ça fait parfois du bien de ne plus savoir utiliser les mots ,on se sent perplexes ,déstabilisés et perdus sans nos outils du quotidien .Peut être qu'après tout on en oublie qu'ils ont un sens ,et qu'à force de les croiser sans y penser on se trouve démunis quand le sens qu'ils portent dépassent l'utilisation qu'on a l'habitude d'en faire.

(J'ai un prof de philo qui appellerait ce charmant petit laïus "de la philosophie de comptoir" et me regarderait avec un oeil profondément lassé de ce genre de lecture .Je l'aime bien )

Alors bon on va peut être pas faire une team mais si vous le pouvez ,savourez ces si légères 411 pages de bonheur (sortez les violons ,j'étais à court pour une conclusion magistrale)  .

Tendrement , le Panda .